Soutenance de thèse de Christilla RICHARDEAU

Ce travail de thèse s’est décliné en trois grandes parties : une première partie qui visait à construire une problématique pratique, une seconde dirigée vers l’élaboration d’une problématique théorique, une troisième développant le cadre méthodologique de nos trois recherches. La première partie a éclairé l’actualité du métier d’enseignant du secondaire en France, un métier qui projette beaucoup de joie mais laisse trop souvent place au stress, aux dépressions, à l’épuisement professionnel, voire la démission, ce qui pose un réel problème de santé au travail. L’entrée dans le métier des nouveaux enseignants attire d’autant plus l’attention que le contexte scolaire s’est fragilisé et complexifié avec la crise que traverse le métier depuis une vingtaine d’année. Les enseignants éprouvent ainsi un décalage entre les attentes qu’ils projetaient sur ce métier choisi et la réalité difficile du terrain. Nous avons ainsi choisi d’étudier cette problématique concrète par le prisme des représentations sociales, pour accéder au ressenti du groupe social que forment les enseignants. La deuxième partie de notre travail a donc proposé une présentation de la théorie des représentations sociales, plus précisément de l’approche structurale qui organise la représentation en deux éléments hiérarchisés et distincts qui interagissent entre eux : un noyau, très stable, qui confère à la représentation sa signification et son organisation et s’avère très résistant au changement, il est constitué des éléments les plus saillants dans le discours des sujets interrogés pour définir l’objet de représentation ; ce noyau est entouré d’un système périphérique regroupant les éléments en proie davantage au concret, des éléments moins inconditionnels et moins consensuels de la représentation mais la protégeant, grâce à leur plus grande plasticité, à d’éventuelles transformations qui la menaceraient. A l’issue de cette deuxième partie, nous avons ainsi pu affiner notre problématique théorique fondée sur le rôle modérateur du noyau central, posant alors l’hypothèse qu’un décalage important, entre idéal et réalité du métier d’enseignant, perçu sur les cognitions centrales serait davantage prédicteur d’insatisfaction qu’un décalage perçu sur les cognitions périphériques. L’expérimentation de cette hypothèse a ouvert notre troisième partie, le cadre méthodologique de notre travail, qui s’est organisé en trois étapes chronologiques, les deux premières visant à préparer la troisième qui permettait de répondre à notre hypothèse. Une première étape a donc recueilli les représentations que les enseignants du secondaire avaient sur leur métier, qu’ils soient en poste ou étudiants-stagiaires. Le questionnaire d’associations verbales nous a permis de recueillir du matériel sémantique pour les recherches ultérieures et de poser des hypothèses de centralité que notre deuxième recherche a pu affiner grâce à la technique de mise en cause. Une fois connue la structure précise de la représentation du métier d’enseignants, en termes d’éléments centraux et d’éléments périphériques, nous avons choisi trois items dans chacun d’eux afin de réaliser notre troisième et dernière recherche : le questionnaire de mesure des écarts perçus par les enseignants entre ce qu’ils attendaient de leur métier et ce qu’ils vivent réellement. Les résultats de cette étude ont bien validé le rôle modérateur du noyau central, mais ils ont donné le système périphérique plus prédicteur d’insatisfaction que le système central. Pour expliquer ces résultats, nous nous sommes orientée vers la théorie du noyau matrice de Moliner (2016) qui accorde davantage de pouvoir de signification aux cognitions périphériques, plus concrètes, ce qui fait sens avec le métier d’enseignant qui attribue aux pratiques une large part. Cette étude a ainsi permis de considérer l’état des représentations des enseignants en général, qu’ils soient débutants ou en devenir, ou bien qu’ils soient plus anciens dans le métier.

This thesis work was divided into three main parts: a first part which aimed at building a practical problematic, a second part directed towards the elaboration of a theoretical problematic, and a third part developing the methodological framework of our three research activities. The first part shed light on the current state of the secondary school teaching profession in France, a profession that projects a lot of joy but too often leaves room for stress, depression, burnout, and even resignation, which poses a real problem of occupational health. The entry into the profession of new teachers attracts all the more attention as the school context has become more fragile and complex with the crisis that the profession has been going through for the last twenty years. Teachers are thus experiencing a gap between the expectations they had of their chosen profession and the difficult reality of the field. We therefore chose to study this concrete problem through the prism of social representations, to gain access to the feelings of the social group that teachers form. The second part of our work therefore proposed a presentation of the theory of social representations, more precisely the structural approach that organizes representation into two hierarchical and distinct elements that interact with each other: a core, very stable, which gives the representation its meaning and organization and proves to be very resistant to change, it is made up of the most salient elements in the discourse of the subjects interviewed to define the object of representation; this core is surrounded by a peripheral system grouping together the elements that fall prey to more concreteness, elements that are less unconditional and less consensual of the representation but protect it, thanks to their greater plasticity, from possible transformations that would threaten it. At the end of this second part, we were thus able to refine our theoretical problem based on the moderating role of the central nucleus, posing the hypothesis that a significant discrepancy, between the ideal and the reality of the teaching profession, perceived on the central cognitions, would be more predictive of dissatisfaction than a discrepancy perceived on the peripheral cognitions. The testing of this hypothesis opened our third part, the methodological framework of our work, which was organized in three chronological stages, the first two aiming to prepare the third, which allowed us to answer our hypothesis. The first step was to collect the representations that secondary school teachers had of their profession, whether they were in service or student trainees. The questionnaire of verbal associations allowed us to collect semantic material for the subsequent research and to pose hypotheses of centrality that our second research could refine thanks to the questioning technique. Once we knew the precise structure of the representation of the teaching profession, in terms of central and peripheral elements, we chose three items from each of them to carry out our third and final research: the questionnaire measuring the gaps perceived by the teachers between what they expected from their profession and what they experience in practice. The results of this study validated the moderating role of the central core but gave the peripheral system more predictive of dissatisfaction than the central system. To explain these results, we turned to Moliner's (2016) matrix core theory, which grants more significance power to peripheral, more concrete cognitions, which makes sense with the teaching profession, which attributes a large part to practices. This study thus considered the state of teachers' representations in general, whether they were beginners or aspiring teachers, or had been in the profession longer.